Par Victor-Olivier Hamel-Morasse, psychologue
C’était le titre de la revue de l’année 2017 de Infoman, chanté par Charlotte Cardin.
Je l’ai dans la tête depuis une semaine.
Parce que nous sommes bien au temps des catastrophes, petites et grandes, virales et environnementales, j’ai moins envie de vous écrire comme un psy. J’ai envie de vous écrire comme un humain, un bout d’écrivain peut-être. Comme un fils, un amoureux, un ami et un papa.
Le temps des catastrophes est dans ce que la pandémie nous enlève. Elle nous enlève les câlins, la chaleur, le réconfort des gens les plus proches de nous. Ces bouts de lumière ont un puissant effet protecteur sur la santé de ce tricot complexe du corps et de l’esprit.
Isolés et reclus, nous courons le risque de la peurdémie, des craintes qui se répandent comme une traînée de doutes et des bouts de pessimisme qui traînent par terre comme de dangereux blocs LEGO. Nos remèdes habituels sont interdits, nos lieux de culte sociaux devenus de dangereux foyers potentiels pour l’éclosion de nouvelles terreurs.
Étrangement, nous sommes aussi à risque d’un excès de proximité, d’un huis clos familial qui s’éternise, d’un tapage sur les nerfs généralisé et d’un ras-le-bol intérieur sans issue.
Alors c’est quoi, l’amour au temps des catastrophes?
Je ne sais pas trop, pour tout vous dire.
Mes clients me reprochent régulièrement de ne pas avoir de réponses à leurs questions. Ils ne se doutent peut-être pas que, souvent, je n’en ai pas pour les miennes non plus.
J’ai bien quelques idées, mais j’ignore ce qu’elles valent dans chacune de vos vies.
L’amour au temps des catastrophes, c’est peut-être un peu de patience supplémentaire trouvée au fond de soi. Pour nous-mêmes et pour les autres, pour les prochaines semaines, pour le temps qui passe soudainement si lentement.
C’est probablement un petit morceau d’optimisme qui permet de se rappeler qu’on n’annule pas le printemps, que le verbe guérir continue d’exister et que, pour le meilleur et pour le pire, rien n’est permanent dans ce monde. C’est ce frisson d’humanité qui m’a parcouru quand j’ai vu que les dons de sang avaient explosé après l’appel du premier ministre. C’est chaque élan de solidarité créatif qui nous rappelle que l’imagination est une ressource renouvelable à l’infini.
L’amour au temps des catastrophes, je crois que c’est aussi de trouver un moyen de rire. Rire de nous, de nos peurs bien réelles et de leurs manifestations parfois étranges. Rire doucement et gentiment, ricaner en Facetime, rigoler en réseaux sociaux. Pour faire tomber la pression et transformer la peur en produit dérivé plus facile à avaler.
Enfin, et ça j’en suis absolument certain, l’amour au temps des catastrophes c’est le temps qu’on prend ensemble, même à distance. L’isolement est néfaste pour le cerveau, pour le corps, pour l’âme, preuves à l’appui. Prenons des chemins vers l’autre, utilisons toute cette technologie parfois si vide et remplissons-la de sens. C’est notre résistance fondamentale, notre résilience ultime dans ce monde qui nous garroche des défis plus grands que nature.
Ça va bien aller, disent les arcs-en-ciel.
On l’espère, répondent les humains. Mais pour être bien certains de prioriser l’amour et d’éviter la catastrophe, on #restecheznous.