Par Alexandre Marseille, Doctorant en psychologie
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Nous y voilà rendus, encore une fois : la fin d’un cycle et la naissance d’une nouvelle année. Vous l’avez deviné, c’est le moment privilégié pour se fixer des résolutions pour l’année qui vient tout juste de débuter!
Résolution (nom féminin latin resolutio) Fausses promesses annuelles que l’on se fait pour se déculpabiliser de nos manquements de l’année précédente, mais que l’on finit souvent par ne pas respecter pour toutes sortes de raisons, faisant en sorte que l’on feel cheap l’année suivante et menant ultimement à la répétition du processus. – Définition libre, 2019. |
Cette définition (des plus scientifiques…) risque de faire écho pour 88% du 50% de la population qui s’adonne annuellement avec peu ou pas de succès à ce rite culturel1,2.
Et pourtant, cette pratique ne témoigne pas d’une mauvaise volonté. Au contraire, apprendre du passé et mettre le cap sur des objectifs qui nous sont chers est nécessaire pour grandir…
Mais courir après une version de soi-même qui est plus, meilleure, idéale, ça peut être épuisant.
Surtout, quand cet idéal témoigne davantage de motivations extrinsèques qu’intrinsèques. Par exemple, s’entraîner pour satisfaire aux critères sociaux de beauté, plutôt que pour son bien-être et sa santé.
D’autant plus lorsque cet idéal est supérieur à tant de niveaux qu’il exige de sprinter longuement et dans tous les sens pour enfin réaliser, exténué, qu’il est encore bien loin.
La détermination étant une ressource limitée, il importe d’avancer d’un pas mesuré en direction de ce qui compte vraiment.
La créativité comme alternative à la quête éphémère de l’idéal
Et si ce qui comptait vraiment était un tout autre processus que celui abordé jusqu’ici? La croissance personnelle n’étant pas un sprint ou un marathon, une course en direction d’idéaux et d’objectifs extérieur à soi.
Mais bien de donner naissance à une partie de soi qui n’a pas encore vu le jour et qui réclame désespérément son premier souffle, tout en craignant ce que lui réserve le monde externe. Oser laisser exister à l’extérieur de soi, dans la réalité objective que nous partageons tous, une partie de soi-même jusque-là confinée au-dedans.
Écrire, dessiner, chanter, cuisiner, apprendre, construire, assumer et affirmer une opinion qui est la nôtre, et j’en passe.
Au fond, jouer à créer quelque chose avec ce qu’on est et le faire pour soi, avant tout.
Tant pis si on trouve ça laid et mauvais, que ça frustre des gens et que ce n’est utile pour personne. À toi de ne pas perdre de vue pour qui et pour quoi tu le fais. À toi de prendre soin de cette partie intime et fragile de ton être qui fait ses premiers pas.
Tant mieux si c’est beau et bon, que ça fait plaisir à d’autres et que c’est utile. Nous avons tous le potentiel d’avoir un impact positif sur le monde qui nous entoure et d’en récolter le fruit. Y’a même des fortes chances que ce soit un jour le cas, si tu veilles à cultiver avec bienveillance et patience ce qui t’es vrai.
Voilà ma résolution pour l’année 2019. Avoir le courage de me laisser aller à jouer, à créer sans trop d’attentes, révolution au sein d’une société concentrée à performer.
Et tant mieux si ça a du sens pour toi…
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1 Norcross, J. C., & Vangarelli, D. J. (1988). The resolution solution: Longitudinal examination of New Year’s change attempts. Journal of Substance Abuse, 1, 127–134.
2 Wiseman, R. (2008). Quirkology: the curious science of everyday lives. Pan Macmillan.
May, R. (1975). The courage to create. New York: Norton.