Par Sarah Chassé, doctorante en psychologie
sarah.chasse@cp3r.com
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« La vie n’a aucun sens. »
Ma vie n’a aucun sens.
J’attends désespérément d’avoir une vraie raison de me lever le matin.
Pas juste parce qu’il le faut.
Pas juste parce que je dois payer mes comptes, m’occuper de mes enfants.
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Est-ce que vous vous reconnaissez dans ces propos?
Si oui, ne serait-ce qu’un peu, poursuivez votre lecture.
Je vais tenter de faire court.
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« Je ne comprends pas le but. »
Le but de vivre.
Le but de dormir, manger et travailler.
Je ne me sens pas animé(e).
Je ne sais pas clairement ce qui m’allume, m’inspire.
Je ne comprends pas toujours le but d’aimer, de m’investir, si ce n’est que pour souffrir.
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Des propos comme ceux-ci font parfois écho en psychothérapie.
Du moins, dans mon bureau.
Et à chaque fois, je prends conscience d’une rencontre entre la nature et la culture, l’humain et la société.
Il y a des lunes que l’homme se questionne sur le sens de son existence, ou du moins certains hommes. Parce qu’il y aura toujours des gens qui s’arrêtent davantage à ces questions, ce qui est peut-être votre cas.
Et cette recherche de sens est modulée par qui nous sommes et notre contexte social.
En fait, absolument tout est modulé par ça, qu’on le veuille ou non.
Mais ça, c’est une autre question…
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Patrick Juignet, psychiatre et docteur en philosophie, aborde à sa façon le déclin des valeurs humaines dans nos sociétés occidentales modernes.
Rentabilité.
Productivité.
Hyperactivité.
Isolement.
« Les rivalités entretenues par la compétition économique, sportive, éducative, brisent le partage et l’entraide, pourtant facteurs d’efficacité et de bonne relation entre les personnes. L’insuffisante valorisation de la culture commune et des valeurs morales laisse un vide. » (Juignet, 2015).
Et si ce vide était également l’un des facteurs pouvant mener à une perte de sens?
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La perte de sens est une expérience humaine fréquente, aussi inquiétante puisse-t-elle paraître.
J’ai envie de vous dire que malgré votre douleur et votre impression d’être confronté à un cul-de-sac lorsque vous vous aventurez dans cette quête de sens, il y a toujours une issue.
Vous ne l’avez sans doute simplement pas remarquée.
C’est qu’à travers votre filature, il y a cette course folle de la vie.
Course folle à la performance, course folle à tenter d’entrer dans les normes sociales.
Course folle à la fuite de tout ce qui fait mal, de toutes ces émotions qu’on craint de réveiller.
Et vlan : vous prenez la mauvaise ruelle et frappez un mur de brique.
Pas d’issue. Pas de moyen de s’échapper.
Du moins, aucun qui n’apparaît visible pour le moment.
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J’ai envie de vous dire qu’un psychologue peut vous accompagner dans cette ruelle.
La porte de sortie, elle est en vous.
Vous ne la voyez simplement pas en ce moment, tout comme vous ne l’avez peut-être jamais vue.
Peut-être une petite fenêtre sur votre gauche, à laquelle vous pouvez grimper.
Peut-être l’écho entre les immeubles pouvant porter votre demande d’aide à quelqu’un qui saura l’entendre.
Mais cette issue est bien réelle, qu’elle mène à une ouverture vers quelque chose qui vous convient davantage ou à une acceptation de ce qui ne peut pas être changé.
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J’ai aussi envie de vous dire que malgré votre souffrance, cette impasse peut être nécessaire pour que vous réajustiez votre vie selon ce que vous aimez, et non pas selon ce que l’on vous a dit d’aimer, ou ce que vous vous imposez d’aimer, de faire et d’être.
Ce dont vous avez réellement besoin.
Ce qui est porteur de sens, pour vous, dans votre unicité.
Alors peut-être qu’au fond cette perte de sens est inévitable pour le moment, mais qu’elle transporte avec elle l’éventualité d’un rééquilibre.
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« La nature fait les hommes semblables, la vie les rend différents. » (Confucius)
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Juignet, P., 2015. La régression de l’humain dans la société occidentale. Philosophie, science et société [en ligne].
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